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Si
le cinématographe n'est pas une invention américaine,
c'est pourtant dans ce domaine que les Etats-Unis ont contribué
de la façon la plus éclatante à l'industrie du
divertissement.
Au début du siècle, alors que cet art n'en était
encore qu'à ses débuts, de nombreux immigrants se tournèrent
vers l'industrie du cinéma. En effet, exclus d'autres professions
par certains préjugés raciaux, ils purent prospérer
dans un marché balbutiant : la projection de courts-métrages
dans de petites salles, appelées nickelodéons (en raison
du prix du billet, un "nickel", c'est à dire cinq
cents).
En quelques années, les plus ambitieux étaient passés
du côté de la production de films. Bientôt, ils
furent à la tête d'une nouvelle forme d'entreprises :
les studios. Les principaux studios se trouvaient en Californie, dans
le quartier de Hollywood à Los Angeles. Avant la Première
Guerre Mondiale, on réalisait des films dans d'autres grandes
villes des Etats-Unis. Mais les réalisateurs et les producteurs
affluèrent vers la Californie du Sud au fur et à mesure
que l'industrie se développait, attirés par le climat
clément qui permettait de tourner en extérieur toute
l'année, et par la variété des paysages disponibles.
D'autres artistes et réalisateurs, venus d'Europe, s'installèrent
après la Première Guerre Mondiale. Ils se joignirent
à une pépinière d'acteurs américains -
pour la plupart issus de la scène théâtrale new-yorkaise
et attirés à Hollywood dès l'introduction du
parlant en 1927 - pour former l'une des industries les plus florissantes
du 20ème siècle. Au sommet de leur popularité
au milieu des années 40, les studios produisaient jusqu'à
400 films par an, pour une audience de 90 millions de spectateurs
par semaine.
Pendant
l'Age d'Or d'Hollywood, dans les années 30 et 40, les films
sortaient des studios comme les voitures Ford des chaînes
d'assemblage. Ils n'étaient pas absolument identiques, mais
ils appliquaient pour la plupart une formule éprouvée
: western, comédie, film noir, comédie musicale, dessin
animé, biopic (biographie romancée), etc.
Il
est remarquable qu'autant de films de qualité aient pu voir
le jour dans un contexte aussi rigide. Mais le cinéma restait
avant tout une affaire commerciale, et pour être rentable
l'industrie fonctionnait sous ce qu'on a appelé le "système
des studios", grâce auquel les plus grandes compagnies
employaient des milliers d'acteurs, de producteurs, de réalisateurs,
de scénaristes, de cascadeurs, d'artisans et de techniciens,
et possédaient des centaines de salles partout dans le pays.
Deux phénomènes sont responsables de la fin du système
des studios : (1) une action antitrust au niveau fédéral,
qui conduisit à la séparation des fonctions de production
et de distribution; et (2) l'avènement de la télévision.
Le nombre de films produits chuta de façon significative,
alors même que les budgets moyens étaient en augmentation,
Hollywood voulant offrir au public le genre de spectacle qu'il ne
pouvait pas voir à la télévision.
Ce
syndrome du "blockbuster" (film à gros succès)
continue d'affecter Hollywood. Ajouté à la montée
en flèche des salaires des acteurs, des directeurs de studios,
et des agents, cela signifie que les films ont tendance à
être soit des succès énormes, soit des échecs
cuisants, selon que les coûts de production colossaux correspondent
ou non aux goûts du public.
Les studios existent donc encore, souvent sous forme de partenariat
avec des grands groupes de communication, mais aujourd'hui la plupart
des films intéressants sont le fait de productions indépendantes.
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